Un projet pour explorer comment les communs transforment l’action publique en Europe
Grèce, les communs après la crise ? 18-21 nov 2019

Pour cette quatrième expédition, le consortium Enacting the Commons a choisi de s’intéresser plus particulièrement aux potentiels liens entre communs et justice sociale. Et pour cela, quoi de mieux que de s’envoler direction la Grèce ?

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez lire notre Journal de Bord- Grèce ou feuilleter notre Programme Grèce.

Suite à la crise économique grecque et aux mesures d’austérité qui ont suivies, la Grèce a vu le niveau de vie de sa population drastiquement baisser, ses services publics se dégrader et les acteurs publics perdre une bonne partie de leurs moyens d’action. Dans ce contexte de crise et dans la lignée de la protestation contre la proposition de refinancement de la crise grecque, la société civile, mais aussi certains agents publics, se sont organisés en un « mouvement de solidarité » sans précédent. De nombreuses initiatives citoyennes, souvent à visée sociale et autogérée, ont émergé. Ces nouveaux communs sont plus que des solutions à la précarité : par leur ampleur et leur vision politique, ils ré-interrogent la place de l’acteur public et son rôle envers les citoyens. Au travers de nos visites, l’objectif est d’explorer plus attentivement les enjeux que cela pose pour l’action publique, notamment autour de thématiques liées à la citoyenneté active, à l’éducation et à la santé. 

1. Comment la ville d’Athènes se saisit-elle des initiatives citoyennes initiées en réaction à la crise ? Comment ces communs peuvent-ils influencer la posture de l’acteur public ?  En 2013, seul 13% de la population grecque déclare avoir confiance dans les institutions publiques*. Face à ce constat et pour recréer un lien de confiance entre les citoyens et l’administration, Amalia Zepou, alors maire-adjointe déléguée à l’innovation et à la société civile d’Athènes, a lancé SynAthina, une plateforme publique numérique pour permettre la collaboration entre la société civile et la ville. Le constat de départ était que les initiatives citoyennes, bien que nombreuses, étaient souvent spontanées, invisibles à grande échelle et déconnectées les unes des autres. En les mettant en réseau et en proposant des ressources à ces initiatives, SynAthina cherche à soutenir les communs en lien avec l’intérêt général et la collectivité. Le projet SynAthina est-il un exemple inspirant de ce que pourrait être des partenariats publics-communs ? Cette initiative initiée par la puissance publique est-elle isolée, ou au contraire, est-ce un exemple parmi d’autres d’une transformation profonde de la posture des acteurs publics grecs ?

2. Dans quelle mesure les communs viennent-ils en complémentarité des services publics ? Qu’est-ce que cela implique en termes de responsabilité des acteurs publics dans leurs missions d’intérêt général, notamment en direction des populations défavorisées ?  De nombreuses organisations autogérées se revendiquent comme indépendantes de toute autorité publique à l’image de la clinique d’Elliniko. Entièrement basée sur du bénévolat et des dons matériels, elle offre aux populations les plus démunies des soins de première nécessité. Elle affirme ne pas avoir vocation à remplacer le système de santé grec mais pallie, de fait, aux insuffisances de celui-ci. Dans quelle mesure ces initiatives challengent-elles l’acteur public ? Comment celui-ci pourrait-il se repositionner ? Quelle autonomie ces communs souhaitent-ils conserver ? D’ailleurs, ces initiatives spontanées se revendiquent-elles du mouvement des “communs” ? Finalement, le mouvement des solidarités grec est-il une simple réponse à l’austérité ou dessine-t-il une nouvelle organisation de la société ?

3. Dans quelle mesure les communs permettent-ils l’empowerment des populations les plus démunies, et une meilleure justice sociale ?  La période 2011-2015 a été synonyme d’une grande effervescence d’initiatives citoyennes ‘en commun’. Aujourd’hui, les projets dont les modèles économiques n’étaient pas viables ont disparu et ceux qui ont perdurés tendent à se mieux se structurer. Comment réussir à effectuer une transition vers une activité plus durable ? Dans ce contexte, quelle peut être la reconnaissance des compétences acquises par les commoners ?

* Source : Gallup World Poll

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