Un projet pour explorer comment les communs transforment l’action publique en Europe
Portraits de villes en commun – Amsterdam

Point d’entrée sur les communs

La gouvernance – Laisser plus de place à l’initiative des acteurs locaux pour construire une ville plus juste et plus démocratique.

Thématiques fortes faisant l’objet d’une approche en commun:

Culture libre et lutte contre la gentrification ; Habitat ; Energie ; Santé  ; Diversité culturelle ; économie numérique…

Mot d’ordre : 

De la global « Sharing city » à la global « Fearless city »… 

Mouvement, référence :

Pour la nouvelle coalition au pouvoir, la référence est le Municipalisme Barcelonais et le réseau des Fearless cities, qui vise à « unir les villes du monde entier dans un front progressiste pour contrôler le néolibéralisme, endiguer la montée des mouvements radicaux de droite, féminiser la politique et défendre les droits de l’homme ».

Contexte au moment du voyage:

En 2018, victoire d’une coalition écologiste / gauche aux élections municipales, formée de 4 partis et dirigée par le parti vert GroenLinks.  Dans le programme de cette nouvelle majorité, différents sujets:  i/ Usage éthique et responsable du numérique et des données ( Projet européen DECODE, Tada Manifesto) ; Soutien à une économie numérique plus démocratique, au travers de plateformes coopératives  et du mouvement Sharing city  ii/Projet d’organisation d’une rencontre des Fearless cities en 2020 iii/ Développement d’une politique en faveur de nouveaux modes de gouvernance des communs

Plus largement, la municipalité d’Amsterdam travaille depuis 2010 sur une politique de «Place à l’initiative» pour mieux impliquer les acteurs de la ville et les encourager à prendre des initiatives. Parmi les champs explorés : Assouplir et élargir les possibilités de bénévolat ; Rendre l’immobilier accessible aux initiatives sociales; impliquer les personnes concernées dans la planification des développements dans la ville ; Évoluer vers une approche de élargie au soin / care en matière de santé publique, en combinant soins informels durables et prestataires de soins existants ;…

Quelques éléments de contexte culturel, historique,etc.

Au Pays Bas, le modèle socio économique des Polders (ou la culture néerlandaise du consensus) se caractérise aujourd’hui par la coopération tripartite entre organisations d’employeurs, syndicats et le gouvernement sur les questions de travail ; il incarne une longue tradition de consensus, désamorçant souvent les conflits du travail et évitant les grèves. Il date des années 80, lorsque les syndicats, les employeurs et le gouvernement ont décidé d’un plan global pour revitaliser l’économie impliquant des temps de travail plus courts et moins de salaires d’une part, et plus d’emplois sur le autre ; combiné à une politique économique néolibérale de privatisation et de coupes budgétaires, il a été tenu pour responsable du miracle économique néerlandais de la fin des années 90. L’une des explications sur l’origine de ce modèle réfère au fait que le territoire des Pays-Bas  consistent en une grande partie de polders, (terres récupérées de la mer) qui nécessitent un pompage et un entretien constants des digues. Depuis le Moyen Âge, différentes sociétés vivant dans le même polder ont été forcées de coopérer car sans accord unanime sur la responsabilité partagée de l’entretien des digues et des stations de pompage, les polders auraient inondé et tout le monde aurait souffert. Surtout, même lorsque différentes villes d’un même polder étaient en guerre, elles devaient encore coopérer à cet égard. Cela aurait enseigné aux Néerlandais à mettre de côté les différences dans un but plus large.

Amsterdam, centre de culture alternative et de mobilisation citoyenne – Tradition séculaire d’Amsterdam comme centre européen commercial et financier, largement interdépendant avec le reste du monde, qui s’accompagne d’une culture progressiste. Depuis le 17e siècle, la ville a abrité différents penseurs dissidents; Au 19e, se sont développées de premières coopératives d’habitation appartenant aux travailleurs. Dans les années 1960, le mouvement Provo incarne un anarchisme local qui défendait le partage de vélos gratuit et la nudité publique. Et dans les années 1970, Amsterdam a engendré un mouvement de squatter sans doute le plus militant et le plus efficace de son genre en Europe, faisant émerger des formes de démocratie radicale et portant un impact important sur le logement à Amsterdam, y compris en termes de politiques publiques, et sur la culture de la ville.

Comment s’incarne l’approche par les communs an sein de l’administration: Leviers clés, outils, innovations…

En termes de transformations de l’administration

  • Le recrutement d’activistes au sein de l’administration d’Amsterdam : Depuis la mise en place de la nouvelle majorité (et dans une moindre mesure avant) la ville a recruté au sein de son administration des acteurs et entrepreneurs de la société civile: La personne en charge de concevoir la politique en faveur de la ‘Culture libre’ vient du mouvement des squats et de la musique alternative, la personne en charge de la politique Fearless cities du mouvement des droits de l’homme, celle travaillant sur la politique des communs de l’entreprenariat social, etc.
  • Par ailleurs a été crée dans le cadre du programme Fearless City de la municipalité De99vanamsterdam (les 99 de Amsterdam), un think and do tank composé d’une petite équipe d’activistes, de faiseurs et de penseurs financée par la municipalité d’Amsterdam pour conseiller la ville sur sa politique en matière de communs. Son action repose sur des valeurs telles que démocratisation, justice et augmentation du pouvoir d’agir des habitants.  Il a pour objectif de mettre en réseau les initiatives qui rendent Amsterdam plus équitable, durable et inclusive, entre elles et avec le mouvement municipaliste international. Il vise à collecter et rendre accessibles idées, expériences, initiatives, expériences d’ici et d’ailleurs, mener des recherches et développer des stratégies et des visions. https://de99vanamsterdam.nl
  • La  formation des agents de la ville (en projet)

En termes de leviers juridiques: 

  • Le Right to bid : Sorte de droit de préemption communautaire sur un terrain ou un bien immobilier, ce dispositif juridique permet aux communautés de faire reconnaître la valeur collective de ceux-ci. Si ils sont mis en vente, la communauté peut « suspendre » la vente et prendre le temps de pour trouver le financement nécessaire pour acheter les actifs. > En projet d’expérimentation à Amsterdam, mais pas encore mis en oeuvre
  • Right to challenge: Possibilité pour un collectif local ou une coopérative d’habitant, de proposer de reprendre la gestion d’un équipement ou d’un service public s’ils peuvent démontrer qu’ils peuvent, sur ce sujet, faire mieux que l’acteur public. > En projet à Amsterdam, expérimenté à Rotterdam, par exemple sur le nettoyage du marché Afrikaandermarkt (consulter l’évaluation ici )

Différentes initiatives de parlements citoyens et de contribution des acteurs locaux à la décision publique

  • Op de Stip – un parlement de quartier d’Amsterdam-Est ; les résidents et les politiciens sont des «députés de quartier»  https://www.opdestip.amsterdam (qui a été arrêté au moment de notre venue) ; 
  • Ma.ak2020 une initiative développée en amont des élections municipales de 2018. Elle a réuni des « commoners » engagés et actifs depuis longtemps dans la vie locale qui ont vu dans les élections l’occasion d’envoyer ensemble un signal fort à la municipalité. Les 10 têtes de liste en campagne ont accepté la proposition de développer un « accord social pour Amsterdam » et la majorité élu a au moment de notre venue signé l’accord.

Acteurs clés

Frans Bieckmann, conseiller stratégique auprès de la Ville d’Amsterdam sur l’approche municipaliste / Fearless cities, auteur et activiste, animateur du réseau des Fearless cities et auteur d’un livre du Podemos et la nouvelle gauche espagnole.  https://www.linkedin.com/in/frans-bieckmann-3843245/?originalSubdomain=nl

 Commons network: Basé à Amsterdam et Berlin, Le Commons Network travaille avec des activistes, des penseurs et des décideurs politiques pour influencer les politiques pour soutenir les commoners et défendre les biens communs (mise en réseau, narratifs, plaidoyers, etc. Sa vision : le monde a besoin d’un nouveau récit et que les communs représentent le paradigme socialement et économiquement durable pour cela. Les communautés, les villes et les régions, plutôt que les États-nations, sont l’épine dorsale de la nouvelle conscience translocale. (Liens avec le parti Pirate d’Amsterdam, impliqués dans De99vanamsterdam )  https://www.commonsnetwork.org

 

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